Avec profonde gratitude et respect pour tout ce qu’a été parmi nous mon confrère Joseph Stiassny, et surtout pour sa vie dédiée pendant 54 ans à
Jérusalem, les Religieux de Notre-Dame de Sion, à Jérusalem, présentent ici
un recueil de quelques uns de ses articles. Nous nous proposons ainsi, en
honorant sa mémoire, de le rendre davantage présent au milieu de nous grâce
à ses écrits. Son départ a créé un vide: depuis peu il est parti vers le Père, mais
déjà il nous manque et son absence se fait sentir. En réalité, avec lui, c’est un
monde qui s’est éteint. Mais, par ses écrits présentés ici, nous voudrions tâcher
de garder présent dans nos cœurs, autant qu’il est possible, le témoignage qu’il
nous a donné tout au long de sa vie.
Stiassny aimait dire qu’il préférait donner ses enseignements oralement, de
cette façon il pouvait mieux évoquer les vraies questions selon les besoins ou
l’attente de son public. Je signale aussi qu’avec le temps il a préféré parler de
ses thèmes favoris plutôt qu’écrire. Par contre au cours des années qui suivent
son arrivée à Ratisbonne, en novembre 1947, il a beaucoup écrit, puis, de plus
en plus, il a donné des conférences. Sa connaissance était encyclopédique dans
des directions des plus variées. Soulignons son vaste savoir en histoire, en
théologie et dans le domaine de la sémantique. Pour ce recueil à sa mémoire,
j’ai choisi, un peu au hasard, quelques thèmes qu’il a développé au fur et à
mesure des années.
Malgré sa réserve à mettre par écrit son enseignement, il nous a laissé
heureusement de nombreux textes. Beaucoup d’entre eux ont été publiés dans
des encyclopédies, des livres collectifs, des revues, des bulletins et autres, et
une partie est demeurée sous forme de conférences devant différents
auditoires. Concrètement, j’ai trouvé ces textes dans d’innombrables dossiers,
quelque uns, dactylographiés, ont exigé d’être repris, car la qualité du papier
empêche de travailler avec le scanner. Il avait, pour lui-même, corrigé
plusieurs de ses textes à la main. Bien sûr, mon intention est de rassembler
ces textes dans un geste de gratitude vis-à-vis de Stiassny et non pas de faire
une présentation critique de ses écrits. Il est possible que se soient ajoutées des
erreurs de lecture en plus de celles qui peuvent exister dans l’original de
chaque texte. Ce travail de saisie des textes sur ordinateur a bénéficié de l’aide importante qu’a fournie mon confrère Reinaldo: c’est grâce à lui que ce recueil
est devenu plus épais. Je remercie également mon confrère Pierre Lenhardt et
mon cher ami le Pe. Ionatan qui m’ont aidé à mettre au point cette préface et
l’annexe de ce recueil.
Les textes que nous vous proposons sont de différentes époques, et touchent à
des sujets les plus divers. Cette diversité cherche à montrer l’intérêt varié et le
sérieux du travail de Stiassny.
Je présente ci-dessous, dans l’ordre suivi de la disposition des textes, un
résumé de chacun d’eux. Il y a neuf articles, deux d’entre eux sont en anglais
et les autres en français:
1- “Le problème religieux en Israël”. Dès son arrivée dans le pays, Stiassny a
compris l’importance et la complexité de la réalité d’Israël. La formation de
l’Etat d’Israël ne supprime pas le contentieux historique du peuple juif; au
contraire, Stiassny montre que cette nouvelle réalité, créée par la fondation de
l’Etat d’Israël, confirme le peuple juif dans sa mission universelle. Il s’ensuit
l’ouverture d’un débat libre du peuple sur lui-même, confronté à une
dynamique sur sa propre terre.
2- “Le dialogue entre juifs et chrétiens en Israël”. Son article résume un débat
universitaire ouvert entre deux juifs représentant des camps opposés de la
société israélienne. Le débat montre la vision partagée de cette société, mais la
divergence est à peine une raison de plus pour provoquer une discussion sur le
plan social. A ce moment-là, l’Eglise commençait tout juste à aborder la
question, sans même avoir un vocabulaire adapté: Stiassny inaugure en
présentant le sérieux de ce débat en Israël.
3- “Ecumenism and mission after le Vatican II”. A la fin du IIème Concile du
Vatican, Stiassny propose une réflexion approfondie sur les avancées du
Concile et ses conséquences dans la vie de l’Eglise. Cependant, il montre déjà
les limites de la réflexion du Concile. Il faut mentionner que l’œcuménisme
est un des thèmes qui a occupé une partie importante de son activité.
4- “Le shabbat dans la piété juive”. Cet article est d’abord un recueil des
principaux textes qui composent la liturgie et la théologie du Shabbat. Ensuite
Stiassny fait goûter la profondeur théologique du sens du Shabbat. En plus, et
surtout, il a su donner à sentir, l’extrême beauté poétique de ces textes.
5- “Essai d’interprétation de Mt 5, 17-19”. Ce petit article reste encore très
actuel jusqu’à nos jours, en raison, tout d’abord de la méthodologie appliquée
pour l’analyse du texte; deuxièmement l’apport théologique est considérable:
Stiassny met ici en évidence que la compréhension du texte évangélique
suppose une connaissance de son contexte juif et, d’autre part, une prise en
considération des Ecritures dont ce texte fait partie intégralement.
6- “L’occultation de l’Apocalyptique dans le rabbinisme”. Il s’agit là d’un travail
courageux, car à cette époque très peu de chrétiens pouvaient travailler sur ce
thème dans l’univers inépuisable des sources rabbiniques. Stiassny fait un
grand parcours dans les sources rabbiniques en les interprétant de façon
originale.
7- “Jérusalem, ma ville”. Jérusalem fut sa grande passion; la Jérusalem que
j’aime, disait-il. 54 ans de sa vie il y a vécu. Stiassny a écrit plusieurs articles
sur Jérusalem. Il faut dire qu’il a prié pour elle mais aussi avec elle.
L’enseignement rabbinique qui dit qu’on n’entre pas dans la Jérusalem d’en
haut avant d’entrer dans la Jérusalem d’en bas, faisait partie du credo de
Stiassny. Cette donnée fondamentale que Jérusalem est la ville que Dieu a
choisi pour y habiter, que c’est aussi l’endroit où Jésus est mort et ressuscité,
cela rend ce lieu divin et fait que la grâce répandue dans le monde passe par
Jérusalem. Pour Joseph le paradis perdu se retrouve en elle.
8- “Les Religieux de Notre-Dame de Sion”. Stiassny met œuvre une réflexion
concrète sur la nouvelle orientation de sa communauté de Sion. Tout d’abord,
son ministère: il le vit comme religieux de Sion. Vraiment, il s’identifiait avec
Sion en étant un des piliers des changements dans la Congrégation. Cet article
en est une illustration.
9- “The New and/ou Heavenly Jerusalem”. C’est un des derniers écrits de
Stiassny. Le texte est le fruit d’une conférence donnée à la Fraternité Œcuménique de Jérusalem. Est-ce qu’il nous étonne, s’il finit son œuvre
littéraire en évoquant encore une fois Jérusalem ? Au fond, dans son exposé, il
résume l’histoire et la tradition biblique en montrant l’importance de la
tradition juive et chrétienne. Et par Jérusalem, il fait voir la raison se
rencontrant avec la foi, le monde d’ici-bas touchant le monde d’en haut, le
temporel rencontrant l’éternel. Par là, Stiassny nous enseigne aujourd’hui qu’il
continue de vivre dans sa Jérusalem.